Lors d’un traitement phytosanitaire, seule une partie des pesticides atteint vraiment sa cible, le reste est dispersé dans les différents compartiments de l’environnement polluant l’air, les sols et les masses d’eaux.
Les pollutions peuvent être parfois accidentelles mais elles sont le plus souvent diffuses. Une pollution diffuse est une pollution due à de multiples rejets de polluants dans le temps et dans l’espace. Contrairement à une pollution chimique accidentelle, qui se produit localement, ponctuellement et souvent massivement (vidange, rinçage des bidons, débordement, renversement du pulvérisateur, stockage inadéquat des produits, …), une pollution diffuse est peu visible. Son effet sur l’environnement n’en est pas moins sensible car elle affecte tout le territoire, d’année en année et détériore grandement la qualité des eaux et les écosystèmes :
Avec les fortes chaleurs, les molécules phytosanitaires s’évaporent et se volatilisent dans l’air. Elles sont transportées par le vent sur de courtes ou longues distances, entraînant ainsi une dérive invisible de ces substances toxiques.
Lors d’un épisode pluvieux, les molécules phytosanitaires retombent à la surface du sol et impactent ainsi la faune, la flore et la biodiversité en général.
Une fois au sol, elles vont être transportées vers les masses d’eau, par ruissellement dans les eaux de sufaces, via les ravines dans les rivières ou les étangs. En zone urbaine, le ruisselement est jusqu’à 40 fois supérieur qu’en zone agricole. Elles peuvent également infiltrer les différentes couches du sol jusqu’aux nappes phréatiques. Les aires de captages sont particulièrement sensibles aux pollutions qui contaminent notre ressource en eau potable.
Elles peuvent ainsi aller jusqu’à l’océan et altérer le milieu marin
Les normes de qualité pour la production en eau potable sont très strictes !
Eau brute :
Eau distribuée :
1 g de matière active suffit à polluer 10 000 m3 d’eau !
Soit un fossé de 10 km de long,
ou l’équivalent de 3 piscines Olympiques,
ou encore la consommation d’une famille de 4 personnes pendant au moins 50 ans !
La mise en place de moyens de traitements des pollutions par les pesticides entraîne souvent une augmentation des coûts de production d’eau potable. Palier aux pollutions c’est diminuer les coûts de traitements des eaux.
Chaque année l’Office de l’eau Réunion effectue un suivi des micropolluants dans les eaux de surfaces et souterraines. Pas moins de 213 molécules dont une centaine de produits phytosanitaires sont analysées. Les eaux de surfaces et les eaux souterraines sont impactées par les produits phytosanitaires. Depuis plusieurs années, des détections de produits phytosanitaires sont constatées, en particulier des herbicides (atrazine, glyphosate …) et leur(s) molécule(s) de dégradation.
Les conclusions annuelles de l’Office de l’eau soulignent en effet une présence régulière de ces micropolluants qui se généralisent ces dernières années dans les cours d’eau et les aquifères de La Réunion. Toutefois, ces prélèvements aléatoires ne permettent qu’une image partielle de ce qui se passe réellement, notamment lors de forts épisodes pluvieux et de ruissellement.
Bien qu'ils aient été créés pour protéger les végétaux, les pesticides peuvent avoir des effets collatéraux sur l’environnement. Ils peuvent porter préjudice à des espèces végétales et animales qui ne sont potentiellement pas directement visées. Par exemple :
Par ailleurs, l’agriculture conventionnelle repose principalement sur l'utilisation d’engrais chimiques et de pesticides de synthèse élaborés à partir de l'énergie pétrolière ou issus de l'industrie pétrochimique. Cette forte dépendance vis-à-vis de l’industrie pétrolière engendre d’autres conséquences pour l’environnement.
Une fois commencée l'application des pesticides, le jardin ou la pelouse développent une dépendance aux traitements chimiques et la restauration devient plus difficile. Les pesticides peuvent être également potentiellement dangereux pour la santé humaine.